Célébrer la paix retrouvée et lareconstruction de la cathédrale de Coventry détruite après les bombardements dela Seconde Guerre mondiale : tels étaient les souhaits de Benjamin Britten(1913-1976) lorsqu’il écrivit War Requiem,ce chef-d’œuvre emblématique du XXe siècle. Cinquante-six ans après, cettemagistrale symphonie chorale nous bouleverse autant par sa démesure. Grandchœur, chœur d’enfants, véritables anges de la paix, orchestre symphonique aucomplet, orchestre de chambre, un orgue et trois solistes, entrent en résonancecontre la guerre et la barbarie. Un projet musical et philosophique qui n’a rienperdu de son actualité.
War Requiem de Benjamin Britten
Objecteur de conscience, traumatisé par laguerre dont il avait approché l’horreur au plus près, Britten fut un adversaireirréductible de la violence militaire. Écrit lorsque le compositeur approchait de la cinquantaine, le WarRequiem fut un grand plaidoyer contre laguerre et pour la réconciliation des peuples. Britten rapproche le texte latin du Requiem, avec les poèmes de Wilfred Owen (1893-1918), poète et soldat tombé au milieu du terrible carnage de 1914-1918. L’œuvre a étéconçue pour l’inauguration de la cathédrale de Coventry, détruite la nuit du 14au 15 novembre 1940. Lorsqu’en 1956, on entreprend de rebâtir enGrande-Bretagne la cathédrale de Coventry, près des ruines de l’ancienne, oncommande à Britten une œuvre qui devra être créée en 1962 pour l’inauguration.C’est l’occasion pour le compositeur de concrétiser un projet, inscrit dans sesconvictions, et dont certains signes laissent à penser qu’il y songeait depuislongtemps, un monument aux soldats tombés dans les combats. C’est ainsi queBritten eut l’idée brillante d’associer le cérémonial du Requiem à la poésie deWilfred Owen. C’est dans les tranchées des Flandres que Wilfred Owen écrit un texte sur ce qu’il vivait en tantque soldat de l’armée britannique, avant de mourir le 4 novembre 1918, unesemaine avant l’Armistice, et l’on comprend que Britten avait trouvé làexactement la sensibilité qu’il cherchait à donner à son œuvre. Pour son WarRequiem, il eut l’idée de retenir trois solistes issus de nations ennemiespendant la Seconde Guerre mondiale : le ténor anglo-saxon Peter Pears, soncompagnon ; le baryton allemand Dietrich Fisher Dieskau, son ami ; et lasoprano Galina Vichnevskaïa, sa partenaire à Alderburghr (Festival qu’il a crééen 1948) , mais qui n’obtiendra pas des Russes l’autorisation de quitter leterritoire. La création le 30 mai 1962 rencontra un succès immédiat.
Benjamin Britten,compositeur de la modernité anglaise
Benjamin Britten est le compositeur le plusimportant de la musique britannique du XXème siècle. Également chefd’orchestre, altiste et pianiste, il a donné une nouvelle vie à l’opéra anglaisen le faisant accéder à la modernité. Son œuvre est orientée principalementvers la musique vocale, mais comporte aussi des pièces instrumentales,imprégnées de son style personnel et nourri par des influences variées (maitresélisabéthains, Bach, Mozart, Schubert, Debussy, Schoenberg). Cependant, c’estnotamment Purcell et son génie de mettre en musique la langue anglaise dontBritten est l’héritier direct. Après avoir appris les rudiments du piano,Britten étudie à la Gresham’s School de Norfolk avec Franck Bridge, puis auRoyal College of Music de Londres avec John Ireland et Arthur Benjamin. Sespremières œuvres (Simple Symphony,Fantaisie pour hautbois et cordes) connaissent un certain succès. Ilrencontre Peter Pears, un ténor qui prend vite une grande importance dans sonparcours musical comme dans sa vie privée. En 1937, Britten acquiert unerenommée internationale grâce aux Variationssur un thème de Franck Bridge. Il s’exile aux Etats-Unis, fuyantl’instabilité politique en Europe (PaulBunyan, Sinfonia da Requiem), puis retourne au Royaume-Uni en 1942. Lacréation triomphale de Peter Grimes(1945) marque la renaissance de l’opéra anglais, prolongée par la création del’English Opera Group deux ans plus tard et la création du Festivald’Aldeburgh. Il écrit souvent pour des voix qu’il admire : Kathleen Ferier, DietrichFicher-Dieskau ou Janet Baker furent les dédicataires de ses œuvres.
War Requiem opus 66 de Benjamin Britten
Opéra Berlioz – Le Corum, Montpellier
MichaelSchønwandt direction
KatherineBrodericksoprano
DavidButt Philip ténor
HannoMueller-Brachmann baryton
Chœur d’Opéra Junior Vincent Recolin chef de chœur
Chœur Angers-Nantes Opéra XavierRibes chef de chœur
Chœur Opéra nationalMontpellier Occitanie Noëlle Gény chef dechœur
Vendredi16 février à 20 heures et Samedi 17 février à 20 heures
Tarifs : 22 à 57 euros
Réservation -Billetterie Opéra Comédie: + 33 (0)4 67 60 19 99
www.opera-orchestre-montpellier.fr
Salon-préludele vendredi 16 février 2018 à 19 heures – Salle Louisville / Le Corum
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