"L’Année 1917" à l’Opéra Berlioz 
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“L’Année 1917” à l’Opéra Berlioz 

 

 

Pour les Russes de 1961, le message de l’œuvre était clair, grâce à la citation de plusieurs chants révolutionnaires (certains d’entre eux résonnaient déjà dans sa Symphonie n° 11). Mais l’auditeur occidental ignorant ces hymnes percevra aisément la trajectoire menant de l’ombre à la lumière, de l’incertitude lourde de menaces à la victoire triomphale. (…) Comme c’est souvent le cas chez Chostakovitch, les accents glorieux restent ambigus : s’il est tentant de les interpréter au premier degré, on peut également les entendre comme un regard critique et ironique sur un régime auquel le musicien ne prêterait allégeance qu’en apparence.  

Hélène Cao, professeur d’histoire de la musique

L’Année 1917 est le titre du concert donné ce lundi 17 juillet à l’Opéra Berlioz, du nom de l’œuvre de Dimitri Chostakovitch (1906-1975), jouée en seconde partie. Le thème du Festival Radio France est la Révolution russe : « Célébrer le centenaire de l’année 1917, c’est mettre l’accent sur l’incroyable foisonnement artistique et musical qui naît du chaos politique et social partout en Europe. De nouveaux langages s’inventent, la Révolution s’empare des créateurs jusqu’à ce que tombent les rêves et les illusions », indique Jean-Pierre Rousseau, directeur du Festival. La première partie du concert proposait un concerto du compositeur tchèque Antonin Dvořák (1841-1904), interprété brillamment par le violoncelliste Edgar Moreau et l’Orchestre national de Toulouse.

Edgar Morin, un violoncelliste talentueux

Le Concerto pour violoncelle est la dernière œuvre importante de Dvořák, elle a été composée à partir de 1894, pendant son séjour à New York. Cette même année, Nicolas II devient Tsar de Russie. La partition puise dans l’univers tchèque du compositeur, resté attaché à sa Bohême natale. Elle a été en partie écrite pour sa belle-sœur dont il avait été amoureux, il apprit sa maladie pendant la composition. Pour cette œuvre aux sonorités mélancoliques, Edgar Morin a montré tout son talent, il a joué avec passion et a enchanté le public du Corum. Il a été sacré Soliste instrumental par les Victoires de la Musique en 2015, il était venu au Festival Radio France en 2013. On l’a vu très lié à son instrument, le tenir avec affection, le mettre en avant, et le faire évoluer sur le plateau. Très applaudi, le musicien est revenu pour saluer le public avec son violoncelle. Pendant le concert, c’était beau de voir ses mains sur cet instrument qu’il adore, et de l’écouter. En harmonie, il a joué dans un dialogue musical avec les musiciens sous la baguette du chef Andris Poga. En seconde partie du concert, la symphonie de Chostakovitch s’est révélée puissante, les cuivres ont été virtuoses et très applaudis.

Une symphonie hommage à la Révolution russe

La Douzième symphonie de Chostakovitch, dite L’Année 1917, a été créée et composée en 1961. Les quatre mouvements évoquent des événements de l’année 1917 : Petrograd révolutionnaire – la ville a été rebaptisée Leningrad en1924, à la mort de Lénine ; Razliv – Lénine s’y cacha et prépara la Révolution d’octobre ; l’Aurore – nom du cuirassé dont le tir donna le signal de l’attaque contre le Palais d’hiver ; et L’Aube de l’humanité – la victoire de la Révolution. La musique classique est descriptive : nous suivons la marche de la Révolution qui allait tout emporter. Il y a différents moments : l’attente, une tension, l’inquiétude, le suspense, le tourbillon des instruments, la gravité de la situation, les combats, l’apothéose finale. Les musiciens ont montré leur talent pour cette œuvre difficile qui enchaîne les mouvements. Ce qui peut étonner c’est la période tardive de la composition de cette œuvre, 1961, et ne relève-t-elle pas du « roman national » ? De tous temps, le talent des artistes a été utilisé à des fins de propagande. Si Chostakovitch avait des sympathies révolutionnaires, son oncle était Bolchevik, sa famille a lutté contre le Tsar, par la suite, il a souffert des pressions de Staline.

 

Le concert a été mené avec brio par Andris Poga, qui était présent l’an passé au Festival Radio France. Il y a eu une belle entente sur scène entre les musiciens de l’Orchestre national du Capitole de Toulouse, le soliste Edgar Morin et le chef d’orchestre. Le public très attentif a été transporté et admiratif. Dès ce soir,le pianiste Fazil Say interprétera Mozart, c’est un des concerts les plus attendus du Festival.

Fatma Alilate

L’Année 1917

Opéra Berlioz – Le Corum, Montpellier

ANTONÍN DVOŘÁK (1841-1904)

Concerto pour violoncelle

DMITRI CHOSTAKOVITCH (1906-1975)

Symphonie n°12 « L’Année 1917 »

Petrograd révolutionnaire

Razliv

Aurore

L’Aube de l’humanité

Edgar Moreau, violoncelle

Orchestre National du Capitole de Toulouse

Andris Poga, direction

 

Prochain concert : Fazil joue Mozart

WOLFGANG AMADEUS MOZART (1756-1791)

Sonate pour piano n°10 en ut majeur K 330

Sonate pour piano n°11 en la majeur K 331

Sonate pour piano n°12 en fa majeur K 332

Sonate pour piano n°13 en si bémol majeur K 333

Fantaisie en ut mineur K 475

Fazil Say, piano

Mardi 18 juillet à 20 heures, Opéra Berlioz – Montpellier

Tarifs : De 10 à 40 euros

Information, réservation : +33 (0)4 67 02 02 01

Programme Festival Radio France Occitanie Montpellier : www.lefestival.eu

 

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