«On compare parfois la cruauté de l’Homme à celle des fauves, c’est faire injureà ces derniers. »
FédorDostoïevski
Lasaison du Domaine d’O se termine au Théâtre Jean-Claude Carrière avec la sagades Frères Karamazov mise en scène par Jean Bellorini. LesFrères Karamazov, cette œuvre vertigineuse de Dostoïevski, bouleverse,s’infiltre dans les tréfonds de l’âme et impose sa dialectique. Après LaBonne âme du Se-Tchouan de Brecht ou Liliom ou La Vie et la mort d’unvaurien de Ferenc Molnàr, textes théâtraux présentés au domaine d’O, JeanBellorini se tourne à nouveau vers la narration. Avec sa troupe d’acteurs, dechanteurs et de musiciens, les quatre frères prennent corps, parlent de libertéet de servitude, d’autorité et de culpabilité, de la haine ordinaire… Letalentueux metteur en scène « rêve d’un théâtre terrible et joyeux ». Et si cerêve devenait réalité?
Les FrèresKaramazov, unroman à tiroirs
LesFrères Karamazov réunit intrigue policière, histoires d’amourset exposés métaphysiques. Les personnages inoubliables, déchirés par leursconflits intérieurs, recherchent une vérité qui n’a rien à voir avec une quêtede la raison. Il y a les fils légitimes, brillants de passion et de questions :Dimitri, l’amoureux passionné, Ivan le philosophe, Aliocha le mystique. Face àeux se place le bâtard, Smerdiakov, cynique et haineux, dégoûté par sacondition domestique. Au hasard de la vie, ces quatre frères se retrouvent dansla ville paternelle et se construisent tant bien que mal, entre amour etabjection filiale. En proie aux questionnements de la vie, de la chair et de lafoi, ils se heurtent à un père bouffon et jouisseur, face auquel aucune de leurligne de vie ne tient. Le meurtre, qui fait vriller le roman philosophique enroman policier, met cette fratrie tourmentée face à la question de laresponsabilité. Qui est coupable, celui qui porte le coup, ou celui quin’empêche pas que le coup soit porté ?
Unepièce signée Jean Bellorini
Ce n’est sûrement pasun hasard si, après m’être approché de Victor Hugo et de Rabelais, c’est à lasuite de la création de La Bonne Amedu Se-Tchouan de Brecht que je me suis décidé à m’attacher plusintimement aux Frères Karamazov. OEuvre vertigneuse, au-delà de la question dubien et du mal, ce sont les concepts de liberté et de servitude, d’autorité etde culpabilité, qui sont abordés. Nous assistons aux récits de la haineordinaire, faisant écho si fort aux tragédies contemporaines. Les hommes du XXesiècle ne sont-ils pas ceux qui inventeront le mal radical, systématisé,normalisé, rationalisé ? (…) Les personnages que nous offre Dostoïevski côtoientle grotesque et le tragique, tendent vers la foi et l’impiété. Ils explorentles zones inconnues du soi-disant « bien » comme du « mal » et repoussent leurslimites au delà de la folie. Ces personnages sont en lutte et semblent répondreà cette parole des Frères Karamazov :« L’homme est trop vaste, je le rétrécirai. »
Jean Bellorini, février2016
Karamazov
D’après les frères Karamazov deFédor Dostoïevski
ThéâtreJean-Claude Carrière –Domaine départemental d’Ô – Montpellier
Entréenord – Tram L. 1 – Arrêt Malbosc
Mise en scène Jean Bellorini
AvecMichalis Boliakis, musicien ; François Deblock, comédien ;Mathieu Delmonté, comédien ; KaryllElgrichi, comédienne ; Jean-Christophe Folly, comédien ;Jules Garreau, comédien ; Camille de LaGuillonnière, dramaturge et comédien ; Jacques Hadjaje, comédien ;Blanche Leleu, comédienne ; Clara Mayer, comédienne ;Teddy Melis, comédien ; MarcPlas, comédien ; Goeffroy Rondeau, comédien ;Hugo Sablic, comédien
Durée :5 heures avec entracte
Tarifs: 20 €, 16 €, 12 €
Jeudi 20 avril 2017à 19 heures
Réservation -Billetterie : 0 800 200 165
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