"Aux confins de l’Empire", la musique russe du folklore au classique
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“Aux confins de l’Empire”, la musique russe du folklore au classique

 

 

La musique de Tchaïkovski qui ne semble pas purement russe à tout le monde l’est pourtant souvent beaucoup plus que celle qui est connue depuis longtemps sous l’étiquette explicite du pittoresque moscovite. Sa musique est aussi russe qu’un vers de Pouchkine.

Lettre d’Igor Stravinsky à Sergueï Diaghilev, 10 décembre 1921

Le concert Aux confins de l’Empire, diffusé en direct sur France Musique, a été à l’affiche de l’Opéra Berlioz, dans le cadre du Festival Radio France. Il a été mené par le prestigieux Orchestre national de France sous la baguette d’Emmanuel Krivine qui le dirigera dès septembre 2017. Le célèbre violoniste Renaud Capuçon était présent en première partie du concert pour un concerto d’Aram Khatchaturian. Le soliste est une vedette de l’art lyrique, il est très recherché et acclamé sur les scènes du monde ; il est également le mari de la journaliste Laurence Ferrari. Ce mercredi 19 juillet, la salle était de nouveau comble pour accueillir les musiciens, et on retiendra notamment l’intervention intelligente et émouvante en fin de concert d’Emmanuel Krivine, pour le départ en retraite d’une musicienne de l’Orchestre national de France.

L’Orchestre national de France

« La nature est belle partout mais les fleurs sont encore plus belles dans les prairies de l’Orchestre national », confiait Kurt Masur (1927-2015). Fondé en 1934, l’ensemble musical a été le premier orchestre symphonique permanent créé en France ; ses musiciens obtinrent le statut de salariés. La mission première était de produire des concerts sur les ondes : la formation musicale jouait plusieurs fois par semaine en studio. Sur la scène de l’Opéra Berlioz, l’orchestre a interprété trois œuvres, il a commencé par le Prélude de La Khovanchtchina de Modeste Moussorgski (1839-1881). Cette pièce d’atmosphère est restée inachevée, elle s’inspire de la Révolte de Moscou de 1682. Le concert s’est poursuivi avec le Concerto pour violon et orchestre en ré mineur d’Aram Khatchourian (1903-1978), compositeur soviétique d’origine arménienne. Cette composition puise dans le folklore russe, elle était aussi imprégnée d’une musique classique plus traditionnelle avec des airs de valse. En seconde partie, la Deuxième Symphonie sous-titrée Petite Russie de Piotr Ilitch Tchaïkovski (1840-1893) était également au programme.

Tchaïkovski, un compositeur russe à la musique européenne

Longtemps les zones d’ombre qui ont entouré la mort du compositeur ont nui à la notoriété de ses œuvres. De son vivant, il s’est tenu à l’écart du mouvement des « Cinq » – Modeste Moussorgski en première partie du concert, appartenait à ce groupe – dont la musique plus folklorique et davantage identifiée comme russe était plus appréciée en Europe de l’Ouest que les compositions de Tchaïkovski. Si sa musique était reliée au tsarisme, elle a également été fêtée par le régime communiste ; elle est classique par sa forme. Paradoxalement, en Europe occidentale, la musique de Tchaïkovski a souffert de son manque d’exotisme. Pourtant, son attachement à la Russie s’est exercé via l’orthodoxie, le compositeur laïc s’est intéressé à la musique d’église. La Petite Russie au programme du concert évoque Kiev – capitale de l’actuelle Ukraine, qui en 881 a été la première capitale de la Russie. La musique de Tchaïkovski reste profondément européenne dans son ensemble, tout comme la formation musicale qu’il a suivie à Saint-Pétersbourg – et cette ville n’était-elle pas en Europe ? C’est un débat qui reste ouvert.

Le concert Aux confins de l’Empire a permis de découvrir une palette de la musique russe de l’Arménie à l’Ukraine. Pour les Européens, la musique russe devait relever de critères musicaux : monumentalité, masse des cuivres, son des cloches… La fin du concert a été fort en émotion. Après les premiers applaudissements, le chef d’orchestre Emmanuel Krivine a dit au public qu’il se retirait pour trouver une idée musicale pour le rappel. Il est revenu avec le premier violon pour offrir un bouquet et un cadeau à la violoniste Brigitte Angélis dont le concert à l’Opéra Berlioz était le dernier, après une carrière de trente-sept années au sein de l’Orchestre national de France. « L’art demande beaucoup, a dit Emmanuel Krivine, il faut garder la ferveur. » Avec humour, il a ajouté : « La motivation ! Pas seulement celle de la force du poignet… mais l’amour de la musique dans une grande institution. »

Fatma Alilate

Aux confins de l’Empire

Opéra Berlioz – Le Corum, Montpellier

MODESTE MOUSSORGSKI (1839-1881)

La Khovanchtchina, ouverture

ARAM KHATCHATOURIAN (1903-1978)

Concerto pour violon et orchestre

PIOTRILITCH TCHAÏKOVSKI (1840-1893)

Symphonie n° 2 en ut mineur, op. 17 « Petite Russie »

Renaud Capuçon, violon

Orchestre national de France

Emmanuel Krivine, direction

Programme Festival Radio France Occitanie Montpellier : www.lefestival.eu

Information, réservation : +33 (0)4 67 02 02 01

 

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